- Mais qui c'est celui-là, Midas ?
- Midas est un héros de la mythologie grecque, un roi de Phrygie.
- Mais qu'ont-elles d'intéressant ses mains ?
- Et bien, tu vas comprendre. Voici son histoire :
Un jour, des hommes trouvèrent aux alentours du royaume de Phrygie une personne totalement ivre, ils décidèrent de le livrer au roi Midas. Celui-ci reconnu Silène, un des plus proches amis de Dionysos, le dieu du vin et de la fête. Midas l’accueillit alors les bras ouverts et lui offrit l’hospitalité.
Quelques jours plus tard, Dionysos arriva en Phrygie pour retrouver son ami. Soulagé et heureux de le voir sain et sauf, il remercia Midas et décida de le récompenser en lui accordant un vœu. Le roi, extrêmement cupide, exigea immédiatement que tout ce qu’il toucherait se transformerait en or. Une fois le vœu exaucé le roi se précipita sur n’importe quel objet, qui dès son contact se transforma en or, et parcourut ainsi l’ensemble de son palais.
A la fin de la journée, Midas se mit à table pour festoyer. Il empoigna de la nourriture, mais celle-ci se transforma en or. Même le vin se changea en or liquide. Regrettant amèrement son pouvoir mais surtout pour ne pas mourir de faim, il implora Dionysos d’annuler ce vœu. Ce dernier lui indiqua qu’il devait se baigner dans le fleuve Pactole et remonter jusqu’à sa source où il se lavera entièrement de ce don. Midas s’exécuta et plongea dans les eaux, où le sable se changea en or. Ainsi, le roi perdu son pouvoir et retrouva une vie normale. Depuis ce jour, on attribue les richesses du fleuve Pactole (d’où l’expression "toucher le Pactole") qui fera la réputation de l’empire de la Phrygie.
Consignes/Contraintes :
Vous réaliserez une production artistique répondant à l'incitation : "Avec les Mains de Midas". Vous répondrez à ce sujet avec la technique de votre choix.
Vocabulaire :
- Vanité : Caractère de ce qui est frivole, insignifiant ; chose futile, illusoire. Style de nature morte né en Hollande dénonçant l’insignifiance de la vie sur Terre.
- Nature morte : représentation d’éléments inanimés.
L'Or dans l'art
Les premières traces de la transformation de l'or par l'Homme remontent à 3000 av.
J.-C. Depuis, les artistes n'ont cessé d'exploiter ce matériaux au fil des siècles. Son utilisation est devenue hautement symbolique : il incarne la richesse, le pouvoir, le sacré, l'infini, la lumière...
L'Or et le Divin
Quand on suit le fil de l'Histoire de l'Art on se rend compte que l'or est intimement lié à la divinité. Il est un matériau impérissable, il incarne donc le divin, l’éternité.
De la couleur du soleil, l'or était considéré comme le constituant même de la chair des dieux, au temps de l'Egypte ancienne.
Le Masque funéraire de Toutânkhamon, exposé au Musée égyptien du Caire, est constitué d'or et de pierres semi-précieuses. Il date du XIVème siècle av. J.-C. Dans l'Egypte antique, on décorait le corps d'or ou on déposait des figurines et objets en or pour assurer une vie au défunt après la mort.
Les Pagodes Birmanes
Elément emblématique de l'architecture birmane, la pagode est un lieu de culte qui abrite des reliques sacrées. De formes et de tailles variées, certaines sont particulièrement spectaculaires.
Dans l'ordre des images présentées ci-dessous :
- La Pagode Shwedagon à Yangon est couverte d'or et ornée de pierres précieuses. Son sommet culmine à 98 mètres.
- Le Rocher d'Or (Mont Kyaiktiyo) est simplement posé dans un équilibre précaire. Il est recouvert de feuilles d'or par les fidèles de passage. Il mesure 7 mètres de diamètre et est placé à 1200 mètres d'altitude, la légende veut que sa stabilité ne tienne qu'à un fil, un cheveux de Bouddha.
- La statue du temple du Bouddha Mahamuni. Composée de 6,5 tonnes de bronze, couverte de feuilles d'or et lavée chaque matin par les moines du temple, la statue mesure 4 mètres de haut.
Le fond doré dans les icônes de tradition chrétienne orthodoxe
Une icône : Une icône (du grec eikona « image ») est une représentation de personnages saints dans la tradition chrétienne. L’art de l’icône s’est épanoui dans l’espace de l’empire romain d’orient, dit empire Byzantin (depuis le XVIème siècle).
Les iconographes (ceux qui créent les icônes) appellent le fond de l’icône « lumière » car il représente, dans la religion chrétienne, la lumière du Royaume des Cieux. Ils utilisent la feuille d’or pour représenter cette lumière dite divine.
(Ci-dessous) Les mosaïques byzantines de la basilique Sainte Sophie, à Istanbul (Turquie)
On retrouve cette technique de contraste dans le tableau Le Jugement de Midas, Nicolas Mignard, 1667, huile sur toile, 83cm x 154,5cm.
Ici, le peintre Nicolas Mignard a mis en scène un autre épisode de la vie de Midas sur fond doré. On retrouve le roi au centre de la scène. Juge lors d’un concours de musique, il doit choisir et désigner le meilleur musicien entre le dieu Apollon, à gauche, et un personnage aux pattes de bouc, à droite. Selon les versions, il s’agirait du dieu Pan ou bien du satyre Marsyas. Midas préfère la flûte de Pan/Marsyas à la lyre d’Apollon, il désigne donc le personnage de droite comme vainqueur. Mais Apollon, qui est le dieu de la musique se vexe, et se venge. On le voit tendre la main vers Midas : il lui lance un sort. Soyez alors attentif au visage de Midas ; de chaque côté de sa tête apparaissent des oreilles d’âne.
Plus contemporain, Gustave Klimt compose également certaines de ses oeuvres en marquant un contraste entre les sujets et les décors. L'artiste peint des portraits très réalistes en accordant une importance toute particulière au travail de la carnation (la peau) tandis que les décors, presque abstraits, semblent dévorer tout doucement les personnages.
(Ci-dessous) Le Baiser, 1908-1909. (Cycle d'Or de Klimt) Galerie Belverdere à Vienne
L'or est une couleur majeure de ses œuvres. Il travaille ses compositions en s'inspirant des techniques d'orfèvrerie des pierres précieuses, d'où cette minutie dans le travail du motif. Dans certaines de ses œuvres comme Le baiser ou le Portrait d'Adele Bloch Bauer, Klimt utilise un matériaux volatil et difficile à manipuler : de la feuille d'or et d'argent.
(Ci-dessous) Portrait d'Adèle Bloch Blauer, 1907. (Cycle d'Or de Klimt) Neue Galery (USA)
Les figures mythologiques sont à l'honneur dans ses compositions. La vie et la mort s'entremêlent dans ses œuvres. On peut lire certaines de ses peintures à la manière d'une histoire contant le cycle de la vie.
L'Or dans l'Art Contemporain
The Treasure Room, Gilles Barbier 2012. Encre et gouache sur papier. 4 panneaux de 140 x 250 cm chacun.
On pense tout de suite à la caverne d’Ali-Baba ou à un trésor de pirates. Dans sa peinture, l'artiste représente avec minutie une accumulation d'objets précieux. Si on est attentifs et connaisseurs, on peut reconnaitre une couronne du Saint Empire romain germanique, des vases sacrés du XIIIe siècle conservés au Musée du Louvre, des bijoux ou des billets de banque. Ce tableau apparait comme une nature morte monumentale. L'oeuvre est réalisée sur papier, à la gouache. Gilles Barbier nous dit d'ailleurs : " Prenez une éponge humide et vous pourrez retirer ce pigment, gommer l’image ! C’est aussi fragile que la poudre qui recouvre l’aile du papillon. " Une richesse éphémère donc.
Le Pouce de César Baldaccini, dit César, sculpteur marseillais. Artiste faisant partie des des « Nouveaux réalistes », mouvement né en 1960.
Dès 1965, l'artiste commence à produire une série d'oeuvre autour du thème du pouce. Ce fragment d'anatomie est le symbole de la pratique et du travail manuel. Celle de César est monumental. L'artiste joue avec les contrastes d'échelle. Le Pouce de César est toujours levé vers le ciel : signe de d'acquiescement et d'optimisme: "C'est d'accord !". La couleur or confère au Pouce un caractère héroïque et glorieux ; il devient encore plus surnaturel.
Johan Creten, Why Does Strange Fruit Always Look So Sweet ?, 1998-2015. Bronze et or, Galerie Emmanuel Perrotin, Paris. La métamorphose d'un corps.
Johan Creten et la série des Glory, grès émaillé et lustre or.
L'Or qui répare les blessures
Le Kintsugi "jointure en or"ou Kintsukuroi "réparation en or" est une pratique japonaise qui consiste à réparation des objets en porcelaine ou céramique brisées avec de la poudre d'or.
Mais, pourquoi l'or est-il aussi fascinant ? Pourquoi en a-t-on fait une matière si précieuse ?