Consignes/Contraintes : Réalisez une œuvre qui montre le temps de sa réalisation, une production qui vous demandera de la patience. Réalisé avec patience : qui demande de la persévérance, du calme, de la minutie.
Travail individuel en technique libre. Attention : Votre travail doit tenir dans un carré de 10 cm de côtés.
Références :
Melencolia I ou La Melencolia, Albrecht Dürer, gravure sur cuivre, 1914.
Cette oeuvre est une estampe, c'est-à-dire qu'elle est le résultat de l'impression d'une gravure. Pour réaliser cette oeuvre, Dürer a gravé une plaque de cuivre à l'aide d'un burin. Cette plaque a ensuite été recouverte d'encre et est ensuite appliquée sur le papier. L'ensemble est pressé et permet d'avoir une impression, donc une estampe. La technique de l'estampe est l'ancêtre du photocopieur.
Mais attention, la difficulté principale de cette technique réside dans le travail en négatif du dessin.
Au-delà de la technique qui demande elle-même beaucoup de patience, on remarque que la scène est constituée de nombreux éléments. Parmi eux, un sablier. Le sablier est un objet qui symbolise l'écoulement du temps. La présence de cet élément dans la composition renforce la posture d'attente de l'ange au premier plan. Si on observe attentivement l'objet, on remarque que les deux bulbes sont également remplis. Comme si la scène semblait figée dans le temps.
Les Détails, Roman Opalka, acrylique sur toile, (1965-2011).
Peut-on compter le temps qu'il nous reste ? Le peintre franco-polonais se concentre dès 1965 sur le représentation du temps qui passe. Il cherche a inscrire sur la toile l’empreinte temporelle d’une vie humaine. Il s’agit d’une toile noire sur laquelle l'artiste inscrit inlassablement une suite de nombres peints en blanc, symbole du temps qui passe. Lorsqu’il atteint le million en 1972, il décide de parfaire sa proposition plastique en introduisant chaque année 1% de blanc dans sa toile noire. Ses tableaux s’éclaircissent ainsi d’année en année, jusqu’à l’épurement complet (gris sur blanc puis blanc sur blanc).
Les Portraits brodés de Cayce Zavaglia, fils de coton, de soie et de laine, 2019. Et non il ne s'agit pas de peinture troublante de réalisme, mais bien de broderie. Il faut s'approcher de la toile pour se rendre compte que le matériau utilisé ici par l'artiste n'est pas la peinture. Zavaglia est une artiste maître de l’illusion. Ces portraits sont en fait une accumulation de milliers de fils de soie, de coton et de laine brodés. Mais quelle patience !
Installations éphémères en sel, Motoï Yamamoto, depuis 1994. Les œuvres de cet artiste japonais sont des immenses dessins d’une beauté saisissante. Depuis 1994, à même le sol, ces dessins d’une blancheur éclatante sont réalisés avec du sel, son seul matériau. Entre ses mains, les cristaux s’écoulent comme un sablier. L’artiste trace patiemment, comme il le ferait avec un pinceau, une ligne blanche qui nous semble ininterrompue et tournoyante à l’aide d’une poche à douille remplie de sel en un geste répétitif. Patience et concentration sont essentielles à la réalisation de ces installations pourtant éphémères.
Travaux au stylo bille bleu, Jan Fabre
L'artiste contemporain belge est à la fois plasticien, metteur en scène de théâtre, auteur et chorégraphe. Durant sa période bleue, Fabre a utilisé près de 200 000 stylos pour colorer les surfaces géantes sur lesquelles il a oeuvré. Tout a commencé le jour où il a suivi de la pointe de son Bic le parcours d'un scarabée sur une boîte à chaussures. De ce chemin emprunté par l'insecte sont nées des arabesques. Ce sont ces systèmes graphiques qu'il s'est appliqué à reproduire sur des formats aux dimensions vertigineuses.
Par exemple, en 1990, Fabre habille les façades du château de Tivoli en Belgique. Les 3000 m2 de murs furent recouverts de papiers colorés au Bic.
Heavens of Delight, Jan Fabre, élytres de scarabées, salle des glaces du Palais Royal de Bruxelles, 2002.
Dès l’enfance, Jan Fabre est fasciné par les insectes, symboles de métamorphose, et les tracés de leurs déambulations. En 2002, il recouvre de 1,4 million de carapaces (élytres) de scarabées le plafond de la salle des glaces du Palais Royal de Bruxelles. Réverbérant la lumière, ces petites coques de 27 mm changent de couleur, passant par toutes les teintes de vert à certaines formes de bleu.
« J’ai passé trois ans à réunir les carapaces de scarabées en demandant à des gens de les récupérer dans des restaurants en Asie. Les scarabées sont bourrés de protéines et dans des pays tels que l’Indonésie, ils sont dégustés à la manière dont nous mangeons les moules. »