Chers élèves,
Heureusement que vous étiez là pour m’aider à retrouver le poisson que j’avais entrevu l’été dernier. Je vous en remercie beaucoup, mais j’ai encore besoin de vous.
Cette nuit, j’ai fait un rêve incroyable. Je dormais et pourtant en me levant ce matin, il me semblait que tout cela était bel et bien réel. Je me trouvais dehors, les pieds dans la neige, au milieu des arbres. La neige était enfin là et pourtant il ne faisait pas froid, la nuit était claire, c’était magnifique ! Je marchais sans vraiment savoir où aller, je suivais des empreintes de pas dans la neige. Le sol était immaculé de blanc, un blanc étincelant à la lumière des étoiles. J’étais si fascinée pas le spectacle que m’offrait ce paysage que je ne me suis pas rendu compte tout de suite que les traces de pas que je suivais avaient laissé place à de très reconnaissables empreintes de pattes : celles d’un lapin. 4 petites pattes dont l’empreinte est ainsi composée : 2 en tête qui mènent la danse et 2 autres qui les suivent en file indienne. Mais je n’ai pas le temps de m’interroger davantage sur ce curieux phénomène car j’entends alors une musique envoutante.
Là, un peu plus loin, un feu illumine la forêt. Des silhouettes dansent autour des flammes, mais je ne parviens pas tout de suite à saisir leurs formes et leurs visages. Qui sont-ils ? Des hommes ? Des femmes ? Non des animaux ? A moins que ce ne soient des arbres ?
Je me rapproche lentement. Au fil des notes les danseurs se transforment en fleurs fragiles, en solides arbres, en gracieux cygnes, en renards, en cerfs. Comment est-ce possible ? Quels genres d’instruments sont-ils capables de produire une telle magie ?
Malheureusement, je me suis réveillée avant d’avoir pu les apercevoir.
Contraintes/consignes :
- A partir de la musique entendu en classe (La Valse des Fleurs issue du ballet Casse-Noisette composé entre 1891 et 1892 par Piotr Ilitch Tchaïkovski) vous imaginerez et dessinerez un de ces instruments capables de métamorphose. Travail individuel.
- Puis en groupe de 2 ou 3 élèves, vous réaliserez en volume cet instrument magique.
Instruments de musique et Arts Plastiques
Quelques exemples
Pablo Ruiz Picasso (1881-1973).
Le peintre, dessinateur et sculpteur espagnol utilise tous les supports pour son travail. Il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque. Il a produit plus de 50 000 œuvres dans sa vie. Le thème de la musique est récurrent dans son Oeuvre.
Le vieux guitariste, 1903-1904, huile sur toile de 83 x 1,23 m. Picasso réalise cette oeuvre durant sa période bleue (1901-1904), période portant bien son nom puisque les tableaux ont une couleur dominante de bleu lors de cette période. Celle-ci débute suite au décès du meilleur ami de l'artiste. Le contraste des couleurs froides et chaudes font ressortir l’instrument.
Dans les oeuvres présentées ci-dessous, Picasso déclare son amour à Eva Gouel, sa seconde compagne et son modèle de 1911 à 1915 pendant sa période cubiste. Son corps est métamorphosé en guitare : J'aime Eva, Ma jolie.
Les Guitares Hiver de Picasso sont les premières applications du cubisme en sculpture.
ARMAN et sa série des Coupes
ARMAN ou Armand Fernandez, (né en 1928 à Nice et mort en 2005 à New York), est un artiste franco-américain, peintre, sculpteur et plasticien, connu pour ses Accumulations. Ici ce sont ses Coupes qui nous intéressent. ARMAN utilise les objets manufacturés comme matière picturale. Il accumule, découpe, colle et assemble à nouveau. Les instruments se métamorphosent.
(ci-dessous) ARMAN, Violon Phoenix, 2005. Sculpture en bronze à patine dorée et noire. 61 x 37 cm.
Paul Villinski
Paul Villinski est un sculpteur américain qui a commencé à travailler dans les années 90 à partir de canettes jetées qu'il découpait en forme de papillons. Ses oeuvres ont évolué, Villinski s'est approprié d'autres motifs comme les oiseaux en vol, qu'il découpe dans des disques vinyles trouvés après l'ouragan Katrina. C'est finalement toute sa collection de vinyle personnelle qu'il a métamorphosé en formes légères, et transformé en oeuvre d'art.
Les Inventeurs
Boris Vian (1920 - 1959) et son Pianocktail
Dans son roman L'Ecume des Jours, publié en 1947, nous apprenons que le personnage central, Colin, a inventé un instrument qui prépare un cocktail en fonction des notes jouées sur un bien curieux piano appelé le Pianocktail. Ce mot-valise inventé par Boris Vian vient donc de la contraction des mots "piano" et cocktail". Depuis, de nombreux artistes ont tenté de donner vie à cet instrument singulier.
Un Pianocktail a également été réalisé pour les besoins du film L'Ecume des jours de Michel Gondry, sorti en 2013 (extrait ci-dessous).
Jean Tinguely (1925 - 1991) et ses Méta-Harmonies
Le sculpteur, peintre et dessinateur suisse, époux de Niki de Saint Phalle (voir fiche) commence ses recherches et travaux autour de ses sculptures animés, les Méta-Matics en 1954. Parmi ces machines, les Méta-Harmonies sont de gigantesques sculptures sonores et cinétiques (en mouvement). Elles couinent, grincent, crissent, vrombissent. Elles sont considérées comme des œuvres phares de l’artiste suisse. "Les machines à mixer les sons", telles que les appelle Tinguely, sont construites à partir d’objets trouvés, de ferraille et autres curiosités.
François Delarozière et la Compagnie La Machine
François Delarozière est un artiste, un inventeur de génie, concepteur de machines, scénographe, metteur en scène... En 1999, il fonde La Machine, une compagnie de théâtre de rue. Grâce à une collaboration entre artistes, décorateurs et techniciens, La compagnie a donné naissance à des automates extraordinaires. C'est à Nantes, en 2007, que le projet artistique est aussi devenu un projet touristique avec Le Voyage à Nantes. Fin 2018, la ville de Toulouse a rejoint l'aventure en proposant d'abord un grand spectacle de rue Le Gardien du Temple puis un lieu inédit où on peut entrer dans cet univers étrange.
Mais intéressons nous de plus près aux instruments imaginés et réalisés par la compagnie La Machine. La Symphonie Mécanique est à découvrir à la Halle de la Machine dans le quartier de Montaudran, à Toulouse.
Wintergartan
Le groupe de musique suédois Wintergartan a dévoilé, dans une vidéo posté en mars 2016, une incroyable machine orchestre, la Marble Machine. Celle-ci fonctionne grâce à 2 000 petites billes métalliques. La construction de cet instrument-orchestre atypique a nécessité 14 mois de travail. L'artiste Martin Molin explique : "Les billes (…) se comportent comme de l’eau. La nature de l’eau est de pouvoir tout traverser. Après 100 000 ans, l’eau peut faire un trou dans la pierre. Les billes agissent de la même manière, peu importe ce que je fais pour tenter de les maîtriser ".