Artiste plasticienne à la triple nationalité : française, américaine et suissesse. Elle est née en 1930 et morte en 2002.
Elle fait partie du courant des Nouveaux Réalistes. Son travail fut influencé par Jakson Pollock, Antoni Gaudi ou encore le Facteur Cheval ; avant de devenir elle même une figure inspirante auprès de nouvelles générations d'artistes créateurs. Autodidacte*, son travail puise son inspiration dans sa vie personnelle, et donnera naissance à des œuvres profondément engagées et féministes*.
Enfance
Elle est la fille d'un père anciennement banquier et ruiné par le krach boursier de 1929. Sa famille fuit alors les Etats-Unis abandonnant la banque new-yorkaise Saint Phalle & Co. La petite Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle née donc à Neuilly-sur-Seine, en France, un an après.
A l'âge de 4 ans, Catherine vit chez ses grands-parents. Elle est surnommée "Niki" par sa mère. Cette dernière est repartie aux Etats-Unis avec son mari, ils vivent à Greenwich. Catherine les rejoint et y sera élevée par une nounou qu'elle surnommera "Nana".
Alors qu'elle a 11 ans, un événement abominable va traumatiser la jeune fille et la femme qu'elle sera plus tard. Elle est violée par son père. Niki de Saint-Phalle ne se remettra jamais de cet acte. Ainsi elle trouvera dans l'art une forme de thérapie.
Jeune femme
Elle se marie très jeune, à l'âge de 18 ans, avec l'écrivain Harry Mathews. Elle entame une courte carrière de mannequin pour les magazines Life et Vogue. Malgré son éducation au sein d'une famille d'aristocrates français, Niki de Saint Phalle se détourne de la religion et s'engage politiquement dans la lutte sociale. Elle donne naissance à une petite fille, un an après son mariage, et retourne vivre à Paris.
Rencontres et création
En 1953, elle est hospitalisée à Nice suite à une grave dépression. Elle se plonge dans la peinture et le dessin et décide de s'engager pleinement pour l'art. Une multitude d'influentes rencontres vont découler de cette décision. Après la naissance de son second enfant, en 1955, elle s'envole pour l'Espagne. A Barcelone, elle découvre les œuvres de l'architecte Antoni Gaudi (voir fiche Art Nouveau). Puis elle rentre à Paris, ou elle rencontre l'artiste Jean Tinguely et le groupe des Nouveaux Réalistes fondé en 1960 par Yves Klein et Pierre Restany.
Elle quitte finalement Harry Mathews pour Jean Tinguely avec qui elle partage un atelier. En 1961, elle donne naissance à ses premières séries de Tirs : elle vise et tire à la carabine dans des poches remplies de peinture. Les couleurs jaillissent et s'écoulent sur les panneaux de plâtre blancs immaculés. Elle tire "sur la société et ses injustices". Ces tableaux-performances scandalisent et la font connaitre à l'internationale.
Engagement politique et féminisme
Elle créé ses célèbres Nanas en papiers collés et résine, dès 1964. Les formes sont généreuses, les poses joyeuses. Elles incarnent la féminité en opposition à la féminité féroce des Tirs de ces mêmes années. Ces corps féminins se recouvrent de surfaces décoratives, avec de grosses fesses, de grosses poitrines, des cabrioles. Plus exubérantes et plus libres, dégagées de la rage et de la violence, les Nanas invitent à la fête. A travers ces immenses corps féminins, les femmes "se libèrent du mariage et du machisme*".
"Elles sont elles-mêmes, elles n'ont pas besoin de mecs, elles sont libres, elles sont joyeuses."
La plus grande des nanas Hon (Elle) , présentée au Moderna Museet de Stockholm en 1966, est une Nana géante couchée, que l'on visite en entrant entre ses jambes. A l'intérieur, une salle d'exposition dans l'exposition : on y découvre des quantité d'objets fabriqués par Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt (un artiste suédois). L'oeuvre n'existe plus puisque Hon sera détruite après l'exposition. Son démantèlement a pris trois jours. Mais heureusement il reste des photos de l’événement.
Révoltée par les violences faites aux Noirs, l'artiste s'engage artistiquement dans la lutte contre le racisme. Son œuvre My heart belongs to Black Rosy témoigne de cette engagement. On suppose une référence à Rosa Parks (figure emblématique de la lutte contre la ségrégation, elle refuse de laisser sa place à un Blanc dans un bus en Alabama, en 1955). Une sculpture faite de papiers collés et de résine représentant une immense Nana. Les épaules sont larges, les vêtement très colorés contrastent avec la peau noir de la tête et des bras.
En 1971, elle travail avec Tinguely sur des projets d'installations monumentales. Le Jardin des Tarots (création : 1979-1993), à Capalbio, en Italie lui demandera 20 ans de sa vie. Cette œuvre incroyable, qui nous rappelle le Parc Güell d'Antoni Gaudi, repose sur les 22 arcanes majeures* du tarot : la magicien, la Grande Papesse, le Pendu, etc. Certaines des constructions sont habitables. L'ensemble est entièrement recouvert de mosaïques (fragments de céramique, de miroirs...). L'œuvre est inaugurée en 1998.
Le Jardin des Tarots (création : 1979-1993), Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, à Capalbio, en Italie (Première ligne d'images).
Le Parc Güell (construction : 1900-1914), Antoni Gaudi, à Barcelone (seconde ligne d'images)
La Fontaine Stravinsky, à Paris, ou Fontaine des Automates, réalisée en 1983 par Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. Ce monument évoque l'œuvre musicale d'Igor Stravinsky, compositeur russe du XXème siècle. Elle se situe sur la place qui porte le nom du compositeur, tout près du centre de recherche en musique contemporaine. Elle est composée de seize sculptures rendant hommage aux compositions du musicien. Les sculptures ont été réalisées en résine et en métal. C'est une œuvre en mouvement, les sculptures sont toutes mécanisées, noires ou colorées et sont animées par des jets d'eau.
* Vocabulaire difficile :
- Autodidacte : Qui s'est instruit lui-même, sans maître.
- Féminisme : Mouvement social qui a pour objet l'égalité des hommes et des femmes dans la société.
- Machisme : Idéologie qui prône la supériorité de l'homme sur la femme.
- Arcanes majeures du tarot : Les cartes les plus importantes du jeu de tarot.