Artiste peintre néerlandais né en 1872 et mort en 1944.
"Je construis des lignes et des combinaisons de couleurs sur des surfaces planes afin d'exprimer, avec la plus grande conscience, la beauté générale."
(Ci-dessous) Composition en rouge, bleu et noir, 1926,
Ses débuts :
Pieter Cornelis Mondriaan, appelé Piet Mondrian dès 1912 est reconnu comme l'un des pionniers de l'abstraction*. Il est le fils d'un pasteur et le neveu d'un oncle qui l'encourage à dessiner et à peindre. Mondrian commence alors par peindre des paysages classiques. Il entre à l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Amsterdam en 1892.
Le Symbolisme des couleurs :
Au début du XIXème, le symbolisme est à la mode en Europe (Voir fiche Symbolisme). Ses paysages se transforment, ils se teintent d'une dimension intellectuelle. Il fait alors attention à l'importance du choix des couleurs notamment. Ses travaux flirtent presque avec le fauvisme, un courant de peinture expressionniste (voir fiche Fauvisme). Petit à petit, Piet Mondrian se détache du figuratif traditionnelle et rejoint les avant-gardes*.
Naissance du langage abstrait :
Les couleurs éclatantes des oeuvres de Vincent van Gogh influencent le travail de Mondrian. Ce dernier s'installe alors à Paris en 1911, à la veille de la seconde guerre mondiale. C'est donc en cette période sombre que Mondrian va développer sa théorie : rétablir l'harmonie dans le monde à travers l'art. Dans cette recherche de l'équilibre et de la réconciliation, il va découvrir Picasso et s'essaie brièvement au cubisme (voir fiche Cubisme). En 1913, il dépouille ses oeuvres de toutes traces de figuration. Ses oeuvres se construisent autour de trois notions simples : la couleur, la ligne, la composition. Il applique également cette règle du dépouillement à la décoration de son appartement. Né alors le langage abstrait. Vassily Kandinsky, un autre artiste peintre, se disputera avec lui la paternité de cette révolution esthétique.
(Ci-dessous) Réplique exacte de l'atelier de Mondrian à Montparnasse. Décor utilisé dans le film de François Levy-Kuentz, Dans l’atelier de Mondrian réalisé en 2010.
Néoplasticisme :
A partir de 1914, les oeuvres de Mondrian se géométrisent. Naissent alors à cette époque des peintures de Mondrian qui vous sont forcément familières. Des rythmes des lignes horizontales et verticales viennent séparer et encadrer des aplats de couleurs primaires et de "non-couleurs"(valeurs) le noir et le blanc. A la vue de ses oeuvres vous répondez bien souvent : "Oh mais c'est hyper simple, moi aussi je peux le faire !". Et pourtant, sa recherche de vérité, de"beauté générale", comme il l'exprime lui-même, passe par le travail de l'abstraction. En 1917, il contribue à la revue De Stijl ("Le Style") créée par Théo van Doesburg (un peintre, architecte et théoricien* de l'art néerlandais), dans laquelle l'abstraction pure est mise à l'honneur. Ils parlent du mouvement "néoplasticisme".
(Ci-dessous) Chaise rouge-bleu ou Chaise Rietveld est une chaise dessinée par Gerrit Rietveld, en 1917-1923, et inspirée du style Mondrian / De Stijl.
Analyse de son langage pictural :
Mais pourquoi des "grilles", des carrés, les lignes horizontales et verticales, des angles droits ? La création de ses oeuvres est-elle guidée par un esprit mathématiques ? A cette dernière question, nous répondons "non !". Mondrian travaille à l'intuition pour trouver l'équilibre dans la composition de ses toiles.
« Tout se compose par relation et réciprocité. La couleur n’existe que par l’autre couleur, la dimension par l’autre dimension, il n’y a de position que par opposition à une autre position »
Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Dans cette citation, Mondrian explique l'importance du contraste : L'un n'existe pas sans l'autre. L'angle à 90° lui permet de représenter l'essentiel de la vie. TOUT est réduit à l'ESSENTIEL dans ses oeuvres. Il s'éloigne sur réel pour représenter la vraie beauté : Deux lignes se rencontrent et se croisent pour créer un nouvel espace. L'oeil du "regardeur" est guidé par le jeu des lignes verticales et l'horizontales, le contraste entre le blanc et le noir. Mais il est surtout attiré par l'utilisation des couleurs primaires qui viennent perturber le rythme et guider notre lecture de l'oeuvre.
Ses tableaux ne sont pas enfermés dans des cadres, ils peuvent déborder dans l'espace d'exposition, les lignes ne peuvent être brisées par celle du cadre. Ses oeuvres ne portent pas de titre mais un numéro de série.
Fin de carrière :
Mondrian part vivre aux Etats-Unis en 1940. A New-York il est inspiré par l'architecture des gratte-ciels : les hauteurs qui semblent infinies et les quadrillages des façades. Il y jouit d'une importante reconnaissance en tant qu'artiste et y décède 4 ans plus tard, en 1944.
(Ci-dessous) Broadway Boogie-Woogie, 1942-1943.
Museum of Modern Art (MoMA), New-York.
Une oeuvre qui témoigne de la fascination de l'artiste pour la ville de New-York : la rythmique de l'architecture et de l'urbanisme, l'animation de ses rues et l'énergie qui s'en dégage. Le noir a disparu, les lignes sont jaunes. Des portions de rouge, de bleu et de blanc viennent y prendre place et semblent dynamiser l'ensemble de la composition au rythme d'un boogie-woogie endiablé.
* Vocabulaire difficile :
- Abstrait / Abstraction : qui ne cherche pas à représenter le visible. Abstrait, contraire de figuratif.
- Avant-gardes : désignent, depuis le XIXème siècle, des personnes qui entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales dans le monde de l'art et de la culture. Rupture avec l'académisme.
- Théoricien : Chercheur, penseur. Personne qui étudie et connaît les théories artistiques.