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Photo du rédacteurAmandine Lippi

Un Patrimoine qui bouge

Dernière mise à jour : 27 juil.

Séquence mise en oeuvre dans le cadre du

Concours scolaire du Petit Journal du Patrimoine

Thème 2022 - 17e édition - Le Patrimoine qui bouge !


" Un patrimoine qui bouge ", qu'est-ce que ça veut dire ? Peut-il changer de forme ? De fonction ?

Il faut s'avoir qu'il existe une charte qui encadre justement ces changements. Dans ce projet, nous parlons d'architecture. Et avec le patrimoine architectural, on ne fait pas n'importe quoi, bien heureusement !

Elle s'appelle la Charte de Venise (Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites), et elle date de 1964. Son objectif est de fixer un certain nombre de règles pour préserver les objets et les bâtiments anciens. Elle nous impose "que l’on restaure les monuments historiques dans le dernier état connu ". Ce qui veut dire qu'on ne peut pas restaurer un bâtiment classé dans n'importe quelles formes et n'importe quels matériaux, on se base sur des documents attestants de son état initial.

Mais si nous ne trouvons aucune preuve de sa forme première ? Et bien nous n'avons pas le droit d'en inventer une.

Et avant 1964 ? Justement, parlons-en...


Quelques exemples de restauration controversées :


La Cité médiévale de Carcassonne

Vous connaissez très certainement la Cité de Carcassonne située dans le sud de la France, dans l'Aude ; avec sa double enceinte mesurant près de 3 km de long. Peut-être certains d'entre vous ont même eu la chance de visiter cette cité médiévale. Ses origines remontent à la période gallo-romaine. Elle est aujourd'hui classée patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, et ce depuis 1997.


Et pourtant, au XIXe siècle, la ville est au bord de la démolition, elle servait alors de carrière de pierres. C'est l'archéologue Jean-Pierre Cros-Mayrevieille qui, grâce à sa ténacité, parvient à sauver la cité de l'abandon total. Deux architectes vont alors se succéder à la tête de la restauration de la cité. La restauration va durer plus de 50 ans. Le premier, Eugène Viollet-le-Duc, va mener la restauration entre 1855 et 1879. Il est suivit de Paul Boeswillwald qui, lui, va oeuvrer de 1879 à 1910.




La restauration est donc entreprise et mise en oeuvre avant l'adoption de la fameuse Charte de Venise en 1964. Les choix de restauration établis par Viollet-le-Duc pour la restauration des fortifications de la cité vont faire beaucoup parler d'eux.

Jean-Pierre Cros-Mayrevieille (l'ar-chéologue à l'origine du sauvetage de Carcassonne) fait partie de ceux qui vont dénoncer les choix de Viollet-le-Duc :"Il s'agissait d'empêcher le monument de tomber, de veiller à sa conservation en lui maintenant tous ses caractères primitifs ; (mais) on a construit, on a refait à neuf, on a démoli pour reconstruire…".



L'aspect initiale de la cité n'a pas été respecté, certains éléments architecturaux ont été inventés. Ainsi, c'est principalement la question des toitures qui revient systématiquement. Carcassonne est une cité du sud, or, Viollet-le-Duc a choisi des toitures coniques et des couvertures en lauzes d'ardoise, un modèle architectural venant du Nord de la France. Et en même temps, c'est grâce à ces transformations que la cité médiévale de Carcassonne a été classée par l'UNESCO.



La Cathédrale Notre-Dame de Paris



Construite au XIIe siècle, modifiée au XVIIIe siècle, restaurée au XIXe siècle, puis à nouveau détruite en partie en 2019 : Notre-Dame a eu bien des visages au fil des siècles.

Remontons au début du XIXe siècle. Très abîmée par l'Histoire, Notre Dame n'est plus que l'ombre d'elle-même. La cathédrale est vouée à être détruite. Mais un groupe d'intellectuels se mobilise pour sauver l'édifice. Dans la continuité de ce mouvement, Victor Hugo publie son célèbre roman Notre-Dame de Paris, en 1831. Il va connaitre le succès que nous lui connaissons et permettre de sensibiliser rapidement à une prise de conscience : la restauration de l’édifice est fondamentale et urgente.

C'est en 1844 que commencent les travaux de restauration. Un immense chantier qui va s'étaler sur 20 ans. Et devinez qui va en être nommé à la tête ? Ce cher Eugène Viollet-le-Duc. Il s'agit de l'un de ses premiers chantiers, quelques années avant Carcassonne.




Ici déjà, il s'était permis plusieurs libertés. Nous nous concentrerons uniquement sur la mise en place d'une seconde flèche à la fonction seulement ornementale (il ne s'agit donc pas d'un clocher). Le modèle choisi est très différent de première flèche. Sa forme s'inspire de celle d'Orléans datant du XIXe siècle. Couverte de plomb, elle est décorée de statues de cuivre.




Et si on se montre attentif, on s'aperçoit que parmi ces douze statues l'une porte les traits de Viollet-le-Duc. Le visage tourné vers le ciel, il semble contempler son œuvre.

Ah, sacré Eugène !



Nouvelle restauration suite à l'incendie


Constituée de 500 tonnes de bois, 250 tonnes de plomb et culminant à 96 m du sol, la flèche est ravagée par les flammes en 2019. Suite à l'incendie, on s'interroge : Comment restaurer la cathédrale ? Doit-on remonter la flèche ? Sous quelle forme ?

Nombreux sont ceux qui ont proposé leur vision de cette restauration. Ci-dessous, découvrez leurs propositions, entre humour et folie.





 

Contraintes / Consignes :


Pour ce sujet, vous jouerez les mauvais élèves.

Vous contournerez les règles de la Charte de Venise de 1964, et proposerez une restauration complètement folle du château de Saint-Quentin-Fallavier.

Votre travail répondra à l'incitation :


Un patrimoine qui bouge :

" Une nouvelle forme, une nouvelle fonction "


Vous utiliserez la technique du dessin, du collage et/ou du photomontage et prendrez appui sur les photos ci-dessous pour intégrer votre projet, à la manière des propositions faites pour Notre-Dame.



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